« Grimaldi, c'est toi qui es sur le coup. Et rapporte-moi quelque chose de potable, cette fois. »

Gnagnagna. Tu grommelles encore, quarante minutes plus tard, lorsque tu arrives devant chez Ollivander. Tu n'as pas dormi depuis quelques jours à cause de ta patronne, et tu rêves de voir sa tête sur un plateau. Accrochée au-dessus de ta cheminée. Dire qu'il y a encore quelques mois de ça, tu étais tout excité à propos de ce travail... Une belle connerie. Tu ne prends même pas la peine de montrer ton pass aux gens que tu pousses, ne serait-ce que pour justifier ton acte. Tu en as marre d'être gentil. Maintenant c'est, tu dégages, ou je t'écrase. Et tu es convaincu de pouvoir être assez intimidant lorsque l'envie te prends. Enfin, là n'est pas vraiment la question. Plus vite ce travail sera bouclé, plus vite tu seras débarrassé du dragon russe.
Gérant d'Ollivander, mort égorgé. Le Ministère, tu entends la foule dire. L'Organisation. La Mafia. Les Rebelles. Le prolétariat est tout secoué par la fermeture du magasin de baguette, mais tu te dis que de toute façons, les baguette français sont les meilleures. On hurle le prix d'acquisition du local, mais tu n'entends pas, à cause de la foule. Tu te rapproches encore de la boutique, jusqu'à être au premier rang. Tu vois une affiche qu'on est en train de coller sur le verre, et tu ne retiens même pas ton sifflement. C'est qu'on demande un bon paquet de gallions pour une si petite boutique ! Tu sors un calepin de ta poche et note le prix ainsi que quelques choses insignifiantes qui circulent sur les rumeurs des meurtriers avant de lever la tête vivement, et d'apercevoir une chevelure rousse dans le reflet de la vitrine.
Tu paniques, un peu trop vivement, et recule, écrasant le pied du jeune homme derrière toi. Heureusement, tu ne tombes pas, et te reprends assez vite. Tu jette un autre coup d'oeil dans le verre, et remarque que la chevelure rousse en question n'était autre que la tienne. Tes cheveux roux à toi. Tu soupires, et remarque que ça ne peut plus durer. Il va bien falloir que tu confrontes Elena, à un moment où à un autre.

Elena. Ta demi-soeur. Tu ne l'as rencontrée il y a peu de temps, et tu n'arrives vraiment pas à te faire à l'idée de son existence. De sa magie. Tu savais que ton père s'était remarié après avoir chassé ta mère et le nourrisson que tu étais. Tu savais qu'il avait eu d'autres enfants avec cette nouvelle femme. Tout le monde le savait, les journaux français l'avaient assez répétés. Pourtant, cela t'avais surpris. Tu ne pensais jamais les rencontrer. Ta famille, ta demi-famille. Ta petite soeur, en l'occurrance. Votre rencontre elle-même est fortuite, puisqu'Elena se trouvait être la jeune fille qui tu as sauvé lors de l'écroulement de Sainte-Mangouste. Comme si le destin souhaitait vous rapprocher à tout prix. Mais depuis la révélation, depuis qu'elle t'avait avoué qu'elle te cherchait, qu'elle voulait te connaître, tu l'évitais.
Et éviter quelqu'un dans Londres, lorsque votre patronne hystérique vous demande d'aller au quatre-coins de la ville, ce n'est vraiment pas l'idéal. Ce qui explique ta réaction, en partie.
Tu te mords l'intérieur de la joue, et fais face au pauvre homme qui a eut à subir ton poids sur ses orteils délicats. Tu lui fais un sourire contrit.

« Désolé, j'ai cru... euh... voir quelqu'un. »

Nouveau regard d'excuse, et tu retourne à tes notes.
Bon sang, pourquoi il avait à mourir, lui aussi ! Ne pouvaient-ils pas te laisser en paix, tous ?