Il pleuvait. Comme les 3/5ème des jours qui s'écoulaient dans une année, à Londres, il pleuvait. Et j'étais sortie sans rien. Sans parapluie. Sans manteau. Sur un coup de tête. Un besoin d'air. Un besoin de vide. Ou de plein. Un besoin de changer. J'avais passé toute la semaine cloîtrée dans mon appartement à essayer de me rappeler. A essayer de me souvenir. J'avais passé la semaine entière à regarder des photos de moi, avec des inconnus. A essayer de m'identifier à elle. Celle que j'étais. Mon passé. Mais rien. Rien ne venait. J'étais vide. Complètement vide.

Je mettais mes deux mains dans les poches de mon sweat shirt. Je me mis à marcher, tout droit. Peu m'importait le lieu où j’atterrirai. J'aviserai le moment venu. Pour l'instant, j'avais besoin de me défouler, de marcher, de faire le vide. Ironique, non ? J'étais vide d'histoire, vide de souvenirs, mais j'avais quand même besoin de vider mon esprit. Mes pensées étaient tout ce qu'il me restait, et je voulais m'en séparer. La pluie battait contre mes joues. Mes cheveux étaient déjà trempés. Mon sweat, mon jean... Je me réfugiais dans le premier commerce que je trouvais. Un petit café. Deux ou trois personnes seulement s’étaient installées dans la boutique et me fixaient. D'un pas décidé, je m'avançai vers le comptoir. Le serveur était concentré sur son livre. Je me râclai la gorge pour attirer son attention. Il leva les yeux vers moi et se replongea dans son bouquin. Je soupirai, posant mon coude sur la surface boisée du comptoir et ma tête sur la paume de ma main. Quelques secondes après m'avoir gentiment ignorée, il ferma son livre, posa ses lunettes et se redressa, le sourire aux lèvres.

«  Désolé, mais je devais finir ce paragraphe ! Bref, qu'est-ce que j'vous sers ? Un café ? Un Milk Shake ?  »

Il regarda mon visage marqué par une moue déprimée.

«  Au cas où...On ne vend pas d'alcool ici, mademoiselle...  »

Il m'arracha un éclat de rire que je réprimais aussitôt. L'endroit était étroit, le bruit était malvenu.

«  J'ai l'air si triste que ça ?  »
« Ma foi, oui .  »
«  C'était une question rhétorique... Monsieur....  »

Je m'approchais de lui pour lire l nom qui était inscrit sur son badge.

«  Monsieur Baltazar. Enfin bref, servez-moi un milk shake à la vanille. S'il vous plaît.  »
«  Sur place ou à emporter ?  »

Je me tournais vers la fenêtre pour voir si l'averse était passée. Un éclair m'indiqua que j'allais devoir rester là pendant quelque temps...

«  Sur place.  »
« Bien, installez-vous, je vous apporte ça dans quelques minutes !  »

Je le remerciais d'un signe de tête avant de m'installer à une table vide, dans le coin de la pièce. Maintenant, il ne me restait plus qu'à trouver ce que j'allais bien pouvoir faire pour patienter. Une petite étagère avait été disposée en face de ma table. Je me levai et choisis un livre au hasard avant de retourner à ma place. Les contes de Beedle le barde... Ca ne me disait strictement rien, mais ça avait l'air.... Intéressant. Je me mis donc à lire,en attendant ma boisson. Mais je n'arrivais pas à me concentrer. J'avais l'étrange impression d'être regarder. Espionnée. Je levais la tête et croisait son regard. Un soupir m'échappa.

«  Qu'est-ce qu'il y a ?, demandais-je. Vous vouliez lire ce livre peut-être ?  »

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❝ Le mal-être d'un proche est souvent la pire douleur pour la personne qui l'aime❞

« Je sors prendre l'air, les gars, si vous avez besoin de quoi que se soit, je suis de retour dans.... » Il regarda sa montre. Il avait bien envie de partir deux heures mais il n'avait pas le droit. Il était le chef ici. Si un patron s'absentait plus d'une heure, on ne savait pas ce qu'il pouvait se passer. « Comptez une heure. Tâchez de terminer cette histoire d'arbitre corrompu. Je veux savoir si oui ou non, on l'a bien payé. » Il attrapa son imperméable ainsi que son parapluie noir et quitta ses employés pour l'ascenseur. Alors que la cage métallique descendait les six étages qui suivait, il remarqua que tout le monde travaillait d'arrache pied. Il n'y avait aucun sorcier qui se tournait les pouces. C'était ça l'efficacité du Ministère de la Magie. Les journaux avaient beau dire, ils ne se curaient pas les dents à longueur de journée. Ils travaillaient durement pour offrir à tous les sorciers un quotidien plus agréable. Benjamin se retrouva bientôt dans le hall où tous les employés du Ministère passait. Il se mêla au reste de la foule pour réussir à rejoindre la sortie. Une fois dehors, il fut heureux de retrouver la fraicheur de la rue. Benjamin prit immédiatement le chemin pour rejoindre son café préféré. Ces derniers temps, il était rare qu'il prenne le temps d'y aller. Il avait assez de travail pour le reste de sa vie. Mais ça lui plaisait. Si il n'avait pas voulu être chargé d'autant de responsabilités, il aurait continué comme attrapeur de Quidditch. Sauf qu'il avait voulu changer d'horizon, quitter les pelouses vertes et s'assoir derrière un bureau. D'une certaine manière, son nouveau travail était tout aussi sportif. Il ne se baladait pas pendant des heures sur un balai inconfortable, le visage fouetté par le vent et frigorifié par l'altitude. Non, il courrait partout, il gérait une équipe de sorciers, il organisait des évènements sportifs importants. Quelque part, il avait l'impression d'être aussi actif qu'avant. D'un pas pressé, il arriva enfin dans Diagon Alley. Il adorait se promener dans cette rue pour flâner. Benjamin poussa la porte d'un café où il avait ses habitudes et s'avança jusqu'au comptoir. L'habituel serveur était là, entrain de préparer une boisson chaude pour un rescapé de la pluie. « Laissez-moi deviner, vous commanderez un café noir. » Un sourire apparut sur les lèvres du jeune sorcier. « C'est bien ça. » « Je vous apporte ça de suite. Dès que j'ai fini la commande de la demoiselle. » Benjamin suivit du regard la sorcière que lui désignait le serveur. Elle venait de s'assoir à une table, un livre entre les mains. Il reconnut immédiatement la couverture pour avoir tenu le même livre des heures durant quand il était enfant. Beedle le Barde. Le livre ne fut pas la seule chose qu'il reconnut, d'ailleurs. Son sourire s'élargit alors qu'il allait dans sa direction.

Elle l'accueillit d'une parole pas très aimable. Néanmoins, Benjamin ne se dérida pas. Cela faisait combien de temps qu'ils ne s'étaient pas vus ? Il avait l'impression que ça remontait à des mois mais ils s'étaient rencontrés quelques jours auparavant. Les jours passaient tellement vite qu'il en perdait la notion du temps. « Tu te mets aux livres pour enfants, toi maintenant ? » Il posa son parapluie mouillé contre la table et s'installa sans demander à la table. Elle semblait dans un état déplorable. Cheveux plaqués sur la tête à cause de la pluie, le teint plutôt pâle, le regard vide. Il avait dû se passer quelque chose. Il regarda la jeune femme avec un air inquiet. « Hey Jany, qu'est-ce qu'il se passe ? » Même si ils s'étaient rencontrés à l'université et qu'ils n'avaient pas forcément eu une relation très proche après leurs études, ils étaient restés en contact et continuaient de se voir. C'était pour cela qu'il était autant toucher par son regard si vide que l'on pourrait se perdre dedans. Elle ne semblait même pas autant animée qu'avant. Il devait vraiment y avoir quelque chose. Benjamin remercia distraitement le serveur qui déposa les deux tasses sur la table puis se tourna vers January. Il l'avait connu beaucoup plus souriante, joyeuse et pleine d'entrain. Que lui était-il donc arrivé ? Une question qui restait en suspens et qui ne trouverait de réponse que si elle acceptait de lui répondre. Sauf qu'elle semblait bien distante d'un coup. Déjà sa phrase puis cette distance qu'elle semblait vouloir mettre entre eux comme si ils étaient deux inconnus. Par le caleçon cramé de Merlin ! Il l'avait blessé. Il avait fait quelque chose ou dit un truc qui ne lui avait pas plu et elle faisait comme si elle ne le connaissait plus. Ce qui expliquait le vouvoiement de tout à l'heure. Il se mit alors à chercher dans sa mémoire, dans l'espoir de trouver la réponse à ses questions.

❝ CRAZY EMPTINESS ❞
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« Tu te mets aux livres pour enfants, toi maintenant ? »

Je le dévisageais. Je ne comprenais pas. Pour qui se prenait-il pour me parler comme ça ? Je ne lui avais rien demandé, et voilà qu'il s'installait à ma table. Il devait avoir pitié de moi. Je ne savais pas à quoi je devais ressembler, mais, avec la pluie, mon maquillage avait certainement du couler, mes joues devaient être rouge-vif et mes cheveux... Mes cheveux ne ressemblaient sûrement plus à rien. Je passais néanmoins une main entre mes mèches pour leur redonner un semblant de forme. Je fermai le livre et le posai devant moi, mes mains croisées sur la couverture. Quelque chose me gênait. « Toi, maintenant ? » qu'est-ce que ça voulait dire ? Était-ce une mauvaise tentative de drague ? Si oui, je n'allais pas tarder à le renvoyer paître. Je n'avais vraiment pas besoin de ça maintenant. Il était tombé sur moi à un bien mauvais moment. Mais je ne voulais pas être méchante. Après tout, comme le disait ma mère, il fallait que je vois cette amnésie comme une seconde chance, un nouveau départ. Commencer par se faire des ennemis n'était pas la meilleure des tactique pour une nouvelle vie. J'allais ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais il fut plus rapide que moi. Mon air étrange le fit sourciller.

« Hey Jany, qu'est-ce qu'il se passe ?» 


Il connaissait mon prénom.  Non, il connaissait mon surnom. Ce parfait inconnu, cet étranger au regard d'ébène m'avait rencontrée, auparavant. Il me connaissait. Le serveur apporta nos boissons. Je ne le remerciais même pas. J'étais sous le choc. Complètement sous le choc. Il me connaissait. Ces mots résonnaient dans ma tête. Un fantôme du passé, qui m'avait assez fréquentée pour pouvoir me surnommer, était assis, en face de moi. C'était pour ça qu'il m'avait parlé. C'était pour ça qu'il m'avait regardée comme si il y avait eu une certaine complicité entre nous, autrefois. Je baissais les yeux. Je ne savais pas quoi dire. Il ne devait pas comprendre grand chose. Sa tête ne me disait rien, il n'était sur aucune de mes photos. Cela voulait dire que je ne l'avais pas contacté pour lui expliquer ce qui m'était arrivé. Cela voulait dire qu'il ne savait pas que je l'avais oublié. Comment m'adresser à lui ? Comment être sûre de ne pas me faire avoir ? De ne pas avoir à faire à un imposteur ? Je n'en avais aucune idée. Des frissons faisaient tressaillir mon dos. Je repensais à mes derniers souvenirs. Cette course poursuite, dans la nuit de Londres.  Et si c'était mon agresseur ? Et s'il était revenu pour terminer le boulot ? Mon sang se glaça. J'étais paniquée.

« Je... Je suis désolée. On se connaît d'où exactement ? »

Je ne réalisais qu'après coup la dureté de mes propos. Si jamais il était sincère, cette approche serait très mal venue. Et pourtant, je me devais de me méfier. Cette perte de mémoire m'avait rendue très distante envers les autres. Comment distinguer le vrai du faux lorsqu'on n'en a aucune notion ? Comment distinguer le menteur de l'ami lorsqu'on ne connaît personne ? Mais je savais encore distinguer l'impolitesse du courtois. Et même si j'étais confuse, plus confuse que jamais, je me devais de respecter cette limite. L'amnésie ne me donnait aucun droit.

« Je suis désolée, excuse moi. Je.... Je ne voulais pas paraître impolie. Tu avais sûrement de bonnes intentions. Le problème c'est que... »

Je n'arrivais pas à le dire. J'arrivais à l'écrire. J'arrivais à le penser. Mais le dire, je ne l'avais pas encore fait. Le pauvre, lui qui s'attendait à d'heureuses retrouvailles, il était coincé avec une pauvre fille déprimée.

«  Il y a trois semaines, j'ai été victime d'un accident et j'ai perdu la mémoire... Ce qui veut dire que je n'ai absolument aucune idée de qui tu es...»


Je lui adressais un mince sourire. Toute la question, maintenant, était de savoir si je pouvais lui faire confiance ou pas.

« Mais si tu veux me rafraîchir la mémoire..., murmurai-je, à demi mots.»

Durant quelques secondes, Benjamin eut l'impression d'être un parfait inconnu pour la jeune femme. Au point de le remettre en question. Ils s'étaient bien rencontrés quelques années plus tôt à l'université, non ? Il ne pouvait pas y avoir une sorcière qui ressemblait à deux gouttes à January à Londres. Tout bonnement impossible et inconcevable. Ou alors, il n'avait vraiment pas le temps. A moins qu'elle ait une sœur jumelle. Cependant, il n'en avait pas entendu parler. La seule solution qui restait, c'était que la femme devant lui était January, la même étudiante avec qui il partageait ses cours. Plutôt que de se questionner davantage, il préféra l'interroger sur cet air perdu qu'elle affichait. « Je... Je suis désolée. On se connaît d'où exactement ? » Okay, d'accord, ça, il ne s'y attendait pas. Il faillit en faire tomber sa tasse de café. Il ouvrit des yeux exorbités : on se connait d'où ? C'était quoi cette question ? Soudain, il eut l'impression qu'elle était gênée par sa question. Il ne put même pas répondre. Des questions s'entrechoquaient dans son esprit. Il devait vraiment y avoir eu quelque chose de grave pour qu'elle en oublie leur rencontre et qu'elle ne sache même pas qui il était. Pour se reprendre légèrement, il voulut boire une gorgée de son café comme il le ferait avec un bon verre d'alcool pour digérer une mauvaise nouvelle. Grave erreur. Car January expliqua sa question en lui donnant une raison pour le moins surprenante. «  Il y a trois semaines, j'ai été victime d'un accident et j'ai perdu la mémoire... Ce qui veut dire que je n'ai absolument aucune idée de qui tu es...» Cette fois-ci, Benjamin s'étrangla avec le liquide brulant. Il fut pris d'une quinte de toux. Alors qu'il tentait de respirer de nouveau, il jeta des coups d'œil vers cette jeune femme qui lui semblait si familière. Elle avait perdue la mémoire. Perdu la mémoire. Tout s'expliquait. Son regard, son comportement, ses questions. Elle était totalement perdue, tout comme ses souvenirs. Quel choc. Il ne s'y était pas attendu. Il tombait sur le cul, littéralement. Comment pouvait-on vivre ainsi ? Il avait dû mal à se mettre à sa place mais en même temps, il la plaignait. « On... on s'est connu à l'université. On avait des cours en commun et on s'entendait bien, en effet, je pense. » Il n'était jamais facile de dire si l'autre personne vous aimait bien ou si c'était seulement de la comédie. Avec January, il ne pensait pas que c'était du mensonge. Ils s'entendaient réellement bien. Maintenant, elle serait incapable de lui dire si elle l'avait bien aimé ou pas. Parler de cette manière le rendait mal à l'aise. Cependant, Benjamin voulait lui faire partager ses souvenirs. « On s'amusait bien, d'ailleurs. Mais il n'y a jamais rien eu de plus que de l'amitié entre nous, si ça peut aider. » Il eut un petit sourire. Il s'imaginait que, ne pas savoir quelle relation on avait avec cette personne, pouvait être dérangeant. Il tentait de se mettre au mieux à sa place.

Un détail important lui vint alors à l'esprit. Comme elle l'avait dit, elle ne connaissait pas son identité. Il savait combien pouvait être désagréable de discuter avec une personne dont on ne connaissait pas le prénom. « Au fait, je m'appelle Benjamin Hadisson. » Peut-être que son prénom lui dirait quelque chose. Si on lui avait dit que January avait perdu la mémoire, il n'y aurait pas cru. C'était une chose qu'on n'espérait pas pour ses proches. Il aurait aimé que ce café propose une boisson forte en alcool, histoire de faire passer la pilule. Il planta son regard dans les yeux clairs de la jeune femme. Il n'avait pas besoin d'être télépathe pour voir qu'elle vivait mal cette perte de mémoire. Elle devait avoir beaucoup de mal à s'y faire. Benjamin aurait aimé la prendre dans ses bras pour la réconforter mais ça ne se faisait pas. Pour January, il était un parfait inconnu. Et on ne prenait pas le premier venu pour lui faire un câlin d'amis.« C'est horrible ce qui t'es... vous est arrivé. » Il ne savait plus comment lui parler. Cette situation n'était pas du tout agréable. Se retrouver devant une personne avec qui il partageait des souvenirs joyeux, il y a peine trois semaines, alors qu'elle ne s'en souvenait pas était déstabilisant. Et puis, ce n'était pas comme si il rencontrait tous les jours un ami amnésique. Si tel avait été le cas, il se poserait des questions. Il n'était pas non plus sûr que s'apitoyer sur son sort l'aiderait. Elle avait plutôt besoin de réponse plutôt qu'un inconnu qui prétendait la connaître et qui la prenait en pitié. « Tu n'as vraiment aucun souvenir de ta vie avant l'accident ? » Aucun doute qu'il ne pourrait reprendre le travail comme si de rien n'était. On imaginait toujours que les agressions n'arrivaient qu'aux autres mais la preuve que non. January avait été la victime d'une personne mal-intentionnée. Il espérait réellement que l'on avait retrouvé le coupable. Il allait d'ailleurs voir au Ministère où en était cette affaire. L'agression de son amie ne resterait pas impunie, il le promettait.

C'est avec fascination que Benjamin écouta la jeune femme. Son visage semblait enfin s'illuminer comme autrefois. Son visage affichait enfin ce sourire qu'il lui avait connu. Mais seulement parce qu'elle tournait en dérision ce qui lui arrivait. Toujours est-il qu'elle semblait moins dépitée que tout à l'heure. Elle était moins perdue et elle avait l'air de lui faire davantage confiance. Il pouvait comprendre que ça devait être dur de se fier à une personne dont on n'avait pas de souvenir. Surtout que dans ce genre de situation, on pouvait craindre que des personnes mal-attentionnées en profitent. Et puis, il y avait toujours le risque que ceux qui nous devaient quelque chose ne remboursent jamais leurs dettes. January avait toutes les raisons du monde d'être méfiante. Mais visiblement, elle n'avait tenu aucun journal intime ou autre moyen de conserver ses mémoires. Découvrir qui lui devait quelque chose n'allait donc pas être chose aisée. Un léger sourire flotta sur les lèvres du sorcier. « C'est dans ces moments-là que l'on se dit qu'une Pensine, ce n'est pas si bête que ça. » On peut trouver ce procédé vieillot et complètement dépassé. Les jeunes d'aujourd'hui n'avaient plus le temps de déposer leurs pensées, leurs souvenirs dans une bassine mais dans ce genre de situation, ça ne pouvait qu'être utile. Au moins, Jany aurait pu se voir dans sa vie de tous les jours. Elle aurait pu se faire une idée de ce qu'avait été sa vie avant son agression. Alors que là, elle n'avait aucune idée de comment elle avait pu réagir quand une personne lui avait piqué sa place dans une file d'attente, par exemple. Il croisa le regard de la jeune femme et se rappela qu'elle n'avait plus de souvenir. Si elle ne savait plus ce qu'était Poudlard, elle devait encore moins savoir ce qu'était une Pensine. « C'est une genre de bassine dans laquelle tu mets toutes tes pensées et tes souvenirs. C'est un peu gore comme procédé mais ça peut être pratique. » Il n'avait jamais laissé ses pensées en dehors de son cerveau et il n'avait jamais eu l'idée de le faire. Ce qu'il savait de la Pensine, c'était son père qui le lui avait enseigné involontairement quand il se ''vidait'' l'esprit dans son bureau. Parfois, le petit Benjamin le voyait sortir des filaments argentés de sa tête. Quand il était enfant, il avait cru que son père était une créature surnaturelle ou qu'on l'avait kidnappé pour le remplacer par cette créature qui pouvait prendre l'apparence du chef de famille. Benjamin enfant était un être plein d'imagination. Heureusement que sa mère lui avais appris ce que faisait géniteur avant qu'il ne se mette à la chasser dans toute la maison en l'accusant d'avoir volé son papa. Enfin bref, il espérait que ses explications avaient pu éclairer un peu January sur l'utilité d'un pareil objet.

Un grand sourire éclaira le visage de Benjamin. Il se souvenait encore très bien de son amie à l'université. Quand il l'avait croisé la première fois, il avait cru que c'était une personne importante dans l'école parce qu'elle paraissait si grande, si intelligente et si sérieuse. Et cet air grave qui ne la quittait pas quand elle entrait dans un nouveau cours. Finalement, il avait compris qu'elle n'était qu'une étudiante parmi tant d'autres. Elle était juste passionnée par ce qu'elle faisait, ce qui était presque mieux. Il n'avait jamais compris comment elle faisait pour rester autant de temps sur ses devoirs. Elle avait le gêne d'une perfectionnisme, pas lui. A l'époque, tout ce qui comptait pour le jeune homme, c'était le Quidditch, il voulait devenir joueur professionnel et rien d'autre. Il aurait dû suivre l'exemple de January. Certainement qu'elle l'aurait aidé si il le lui avait demandé. Non vraiment, cette jeune femme était plein plus que sérieuse à l'université. « Tu rigoles ! Tu étais super méga sérieuse. Tu passais plus de temps dans tes livres qu'à dormir ! » Dans son cas, l'exagération était un bon exemple pour montrer combien elle avait été studieuse. Elle l'avait été bien plus que n'importe quel élève. En plus, avec son incroyable capacité dans les matières scientifiques, elle avait toutes les raisons de vouloir travailler. Quoique, elle n'en avait pas réellement besoin. Il suffisait qu'elle se retrouve devant un calcul compliqué et la solution semblait fleurir magiquement dans sa tête. Elle avait toujours été une énigme pour Ben et elle le restait encore aujourd'hui. « Ce qui explique sûrement pourquoi tu avais toujours d'excellentes notes. » Il prit un air songeur. Si il avait suivi son exemple, peut-être aurait-il fini ses années universitaires avec de meilleures notes. Mais ses parents l'auraient encore plus pousser à avoir un poste important tandis qu'avec ses notes médiocres, il ne pouvait pas faire grand chose. De toute manière, cinq ans plus tôt, il n'avait pas envie de se retrouver derrière un bureau. Il voulait être assis, voire debout, sur un balai à voler après un vif d'or. « Je travaille actuellement au Ministère de la Magie. Mais avant, j'ai joué dans une équipe de Quidditch. Et ne me dis pas que tu ne te rappelles plus du Quidditch parce que ça doit être le meilleur sport au monde ! » Comment pouvait-on oublier un sport comme celui-ci ? Quidditch était le synonyme de liberté, de sportivité et de difficulté. C'était juste inconcevable qu'elle puisse oublier cette discipline. Même si, dans le fond, si elle avait tout oublié, elle ne se souviendrait sûrement pas du Quidditch. Il valait mieux pour elle qu'elle se rappelle de détails sur sa vie plutôt que sur un sport.

Cela faisait bien dix minutes qu'elle le questionnait sur lui, sur sa vie et tout ce qui l'entourait. C'était surprenant pour Benjamin de se retrouver ainsi interroger de tous les côtés par une amie. D'accord, ce n'était pas une simple amie. Elle avait subi un terrible événement et il se devait, en tant qu'ami, de l'aider à recouvrer la mémoire. Il devait l'aider à retrouver des birbes de mémoire. Ce n'était pas simple, surtout qu'il ne l'avait jamais fait. En plus, elle ne cessait de le questionner. Alors il répondait honnêtement même si il aurait préféré l'aider avec sa mémoire. Il avait probablement le même réflexe que toutes les connaissances de January. En même temps, il était logique de vouloir lui porter secours. Il était mieux de vouloir la protéger plutôt que de profiter de sa faiblesse pour l'arnaquer. « Au ministère ? Tu dois être un peu débordé avec tout ce qui se trame un peu partout en ce moment. » Il haussa les épaules. Certes, les derniers évènements avaient bouleversé certaines habitudes dans le Ministère. Les attentats avaient provoqués des changements au niveau de la sécurité qui s'était retrouvée renforcée, de peur qu'on essaye de les attaquer au sein même du Ministère. Les employés étaient tous un peu plus méfiants les uns envers les autres mais dans l'ensemble, rien n'avait réellement changer. En tout cas, pas dans le service de Benjamin. Lui qui s'occupait du sport et du Quidditch n'était pas touché. Cependant, ils devaient être plus vigilants sur l'organisation des matchs car ils représentaient des évènements idéaux pour avoir un plus grand impact médiatique et pour faire le plus de blessés ou pire, de morts. « Je m'occupe des évènements sportifs, alors ça n'a pas vraiment changé. Mais c'est vrai que le Ministère est sur le pied de guerre. » Ils étaient bien décidés à retrouver les inconscients qui avaient causé la perte de centaines de moldus et de sorciers. Franchement, s'en prendre à des innocents tels que ces non-sorciers était vraiment débile. Pourquoi les inclure dans un conflit qui ne les regardait pas ? Sans compter tous ces sorciers qui n'avaient rien à voir avec ce que ce groupe de révolutionnaire défendait. C'était une bande d'inconscients qui cherchaient la bagarre. Le mieux était de les arrêter le plus rapidement possible, autrement, ils pourraient recommencer. « Mais c'est bien la première fois que je rencontre quelqu'un qui travaille là bas.... » Ainsi, il était le premier ami employé au Ministère qu'elle rencontrait. Sûrement l'unique car il s'en serait rendu compte et aurait déjà rencontré cet autre employé. Un petit sourire mystérieux se dessina sur ses lèvres. Une réplique de film tout droit sortie d'une production moldue lui vint à l'esprit. Il y avait très peu de risque pour qu'elle s'en souvienne ou qu'elle l'ait déjà entendu alors il la ressortit. « Parce que, normalement, nous devons tuer les personnes mises au courant. Avec toi, je ferais une exception. » Finalement, une fois dit, ce n'était pas aussi bien que dans les films. Surtout qu'elle allait le prendre pour quelqu'un de dangereux et qu'elle allait prendre peur. Alors il s'empressa de la rassurer. « Je rigole bien sûr. Travailler au Ministère n'est pas assez palpitant pour ça. » Il est vrai que son travail quotidien n'avait rien de top secret. Il ne partait pas en mission dans le monde en costard-cravate pour traquer les méchants voyous. Au contraire, il restait coincé derrière son bureau à traiter des dossiers concernant le prochain match entre les Chaudrons de Chudley et les Crécelles de Kenmare. Ou alors il s'occupait de l'organisation et de l'invention des prochains tâches du Tournoi des Trois Sorciers. Par contre, pour le Tournoi, Benjamin voyageait. Certes, pas en costard pour courir après des vilains mais au moins, il voyageait.

« Du Quidditch dis-tu ? Bien sûr que je m'en souviens... En même temps on en entend parler tous les jours. Tu jouais dans quelle équipe ? Tu étais connu ? Je dois bien t'avouer que ta reconversion en homme du ministère est surprendante. C'est pas tous les jours qu'un sportif se retrouve chez les hauts fonctionnaires. Comment tu t'es retrouvé là bas ? » Benjamin eut le droit à une nouvelle salve de questions. C'était qu'elle était curieuse la January ! Un grand sourire amusé apparut sur ses lèvres. Si on lui avait dit qu'en allant boire un café, il allait subir un interrogatoire dans les règles par January, il se serait demandé pourquoi. Mais là, il savait pour quelles raisons et ça l'amusait qu'elle s'intéresse autant à lui. Et puis, toutes ces questions posées presque toute en même temps. Si elle avait pu les formuler toutes en même temps, probablement qu'elle l'aurait fait. « Tu en poses des questions, toi ! » Il prit un instant de réflexion pour bien organiser sa réponse. Elle était son amie, il n'avait donc aucune raison de ne pas vouloir lui dire totalement la vérité. Peut-être qu'en perdant la mémoire, elle avait changé de personnalité pour devenir une méchante fille qui voulait vendre tous les secrets de ses anciens amis aux journaux. Mais tant pis, il prenait le risque. Surtout qu'elle semblait tout à fait normal. Il retrouvait même la jeune femme qu'il avait connu il y a quelques années. L'étudiante assoiffée de connaissances. Il commença par le début parce que c'était aussi le plus facile. « J'étais chez les Flaquemarres en tant qu'attrapeur. Je pense que le fait d'être à ce poste rend beaucoup célèbre que n'importe quel autre poste. » Il est vrai que les attrapeurs étaient sur le devant de la scène. C'était eux qui faisaient pencher la balance en faveur de leur équipe si ils attrapaient le vif d'or. En principe, ils faisaient gagner leur équipe parce qu'attraper le vif rapportait énormément de points. Alors c'était grâce à eux que les principaux matchs étaient gagnés. Maintenant qu'il avait répondu aux principales questions, il n'en restait plus qu'une. Pourquoi était-il passé de joueur de Quidditch à employé du Ministère ? Une petite lueur se mit à briller dans son regard. La raison qui l'avait poussé à prendre sa retraite anticipée était la plus belle raison au monde : l'amour. Aujourd'hui, il ne regrettait pas d'avoir quitté son ancien travail. Même si il ne retrouvait pas les mêmes sensations en étant employé, il était tout aussi content. « Peut-être as-tu déjà entendu parler d'Alice Beaufort, attrapeuse chez les Harpies de Holyhead ? Et bien, la voilà ma raison. »