Silencieuse, j'attendais patiemment le début de mon jugement. De mon appartenance à l'Organisation, j'avais quelques actions à regretter, et d'autres qui étaient tout à fait justifiables. Jamais je n'avais voulu être criminelle, encore moins mettre en danger la vie de centaines de personnes. J'avais beaucoup à regretter, mais j'allais prendre avec dignité les accusations qui m'étaient portées. Il n'était pas question que je fuies la réalité, la vérité qui désormais ne pouvait plus se cacher.
Au centre de la salle d'audience, j'en observais ses spectateurs. Plusieurs membres de ma famille s'y trouvaient. Je croisai leur regards sans broncher, les soutenant sans arrogance. Ils devaient me faire confiance, je n'avais en aucun cas envie de salir notre nom. J'allais défendre notre honneur tel qu'il le fallait, honnêtement. Je m'efforçais de démontrer, d'un simple regard, à ceux qui me méprisaient désormais, que je n'avais rien d'une criminelle ou de l'être dangereux que certains croyaient que j'étais. Certains qui me connaissaient devaient toutefois savoir qu'il n'en était point. Puis, j'en vins au Juge-Mage. Celui-ci offrit un discours habituel, où il cita les accusations qui pesaient sur moi. De tous les procès jusqu'à maintenant, ces accusations n'étaient pas si grave, comparativement à d'autres membres de l'Organisation. Je n'avais pas d'avocat, et je n'en souhaitais point. J'allais défendre mon point de ma propre voix, de mes propres paroles. Voilà pourquoi je m'empressai de répondre aux dires du Juge, pour que personne ne se manifeste.

« Lorsque j'ai rejoins l'Organisation, à ses tous débuts, il ne s'agissait pas de terroriser ou de devenir criminel. Au tout début, l'Organisation n'avait aucune intention de ce genre. Il en était de même pour moi. Certains dirons que j'ai rejoins l'Organisation par rage, par envie de vengeance. Ils n'ont pas tord d'y croire, mais je peux confirmer qu'il n'en est point. Lorsque j'ai rejoins les rangs de l'Organisation secrète, je souhaitais simplement faire réagir le gouvernement. À mes yeux, le Tournois n'était qu'un moyen de détourner l'attention du peuple de la crise qui nous englobait, sorciers d'Europe, depuis bien trop longtemps. J'ai rejoins l'Organisation non pas pour la vengeance, mais pour défendre l'honneur de ceux qui avaient souffert de la crise, de la révolte des Gobelins. J'ai perdu ma fortune, j'ai perdu tout ce dont j'avais hérité de mes ancêtres, mais le plus important, avant le matériel, j'ai perdu mon mari aux mains des créatures, et ma fille a perdu une grande amie, qui aurait très bien pu être la grande sœur qu'elle n'avait jamais eu. » Je marquai une courte pause, où je jetai un regard à ma fille, ma très chère Raven. « Je ne suis pas la seule à en avoir souffert. Je souhaitais défendre leur honneur. Croyez-moi, l'Organisation n'était ai départ qu'un brin d'espoir pour les victimes et les indignés. C'est avec le temps que les choses ont mal tournées. Les avis divergeant des différents membres de l'Organisation ont mené à ce que vous l'avez vu être. C'est lorsque tout ça est arrivé que j'ai réalisé mon erreur. À mon arrivée au sein du groupe, j'ai été appelée à inventer un Pacte magique qui liait les membres de l'Organisation à son chef, conservant ainsi le secret et la loyauté du lot. Tous, sans exceptions, se devaient d'être loyaux à l'Organisation. Ainsi, lorsqu'elle a sombré, ses membres ont dû sombrer avec elle, pour ou contre leur gré. J'étais de ceux qui, s'ils en avaient pu, auraient tout laissé tomber. J'ai, à partir de ce moment, dû faire des actes que je regrette, et regretterai à jamais. Je suis restée masquée non pas par soucis de salir mon nom, mais bien par honte. » Pour la première fois depuis le début du procès, je baissai la tête. « J'ai vu des choses désolantes... des enfants même qui faisaient parti de ce regroupement devenu barbare. » Une pensée pour la petite Iora me vint, je laissai échapper un soupir avant de remonter mon regard vers le Juge-mage.« Je n'ai rien d'autre à ajouter... »

J'avais assez parlé, bien qu'il y en avait encore beaucoup à dire. Ils ne comprendraient tout simplement pas, même si je prenais des années à leur expliquer. Chaque membres de l'Organisation qui avaient étés victime de cette situation, de ce revirement avaient leur propre histoire, et certainement, aucun d'entre eux ne saurait être compris, ni même entendu. Ils restaient les criminels, après tout.