J'avais pris le temps de me pomponner, bien que ce ne soit pas vraiment dans mes habitudes, en vue de cette superbe soirée en perspective, et je l'attendais impatiemment depuis que j'avais reçu l'invitation. Il y avait déjà beaucoup de monde, alors que j'avais pris l'initiative d'arriver en avance, malgré que je n'ai pas décidé de venir accompagnée. J'étais curieuse de savoir si j'allais faire de belles rencontres. Et peut-être, qui sait, un charmant jeune homme ?

Sur mon trente-et-un, je débarquai au milieu de toute cette foule, cette agitation ; il ne me semblait pourtant pas être arrivé trop en retard. La pièce était joliment décorée, et je fus impressionné des changements opérés dans le restaurant pour cette soirée unique. L'ambiance était agréable et je m'approchai des tables, curieux des mets concoctés pour l'occasion ; mon ventre me criait déjà de le nourrir. En attendant de le satisfaire, je me retournai vers les personnes présentes pour voir si j'allais en reconnaître. Eh non, je n'étais pas venu avec Beth, pas au courant de ses projets pour la soirée...

Spoiler:

L'invitation était arrivée, inopinément, importune, dans ma boîte aux lettres. Je l'avais ouverte et avais constaté avec surprise de ce qu'elle contenait. Une invitation... Pour moi. Etrange. Mais je n'allais pas refuser. Je voulus téléphoner à Eltan mais me ravisais, ne voulant pas me montrer trop possessive ni trop amourachée. Je l'étais, mais il ne fallait pas qu'il le sache. C'est donc un peu troublée que je m'y rendis, ne pensant pas retrouver mon homme. Mais je l'aperçus, à une table. Je le rejoignis et l'embrassais.

« Hey toi... »

C'est avec plaisir que je vis mon aimée arriver ; je ne m'y attendais pas forcément. Elle était, à son habitude, étonnement bien vêtue et ça m'en fit quelque peu tourner la tête. Rien de bien nouveau en soi. « Hey ! Tu es toute belle... ». Je lui rendis son baiser et la serrai rapidement dans mes bras, non soucieux des regards amusés ou jaloux des personnes alentour. « Tu as faim ? Ou tu souhaites danser ? »

Zéphyr se demandait encore ce qu'elle était venue faire ici. La dernière fois qu'elle s'était pointé à un putain de bal, un putain d'hôpital lui était tombé sur le crane, et elle n'appréciait pas trop ce genre de blagues. Elle préférait quand ça tombait sur la tête des autres. Vêtue d'une robe encore une fois bien hors contexte, blanche, trop courte, soulignant ses formes, Zéphyr avançait la cirgarette au bout des doigts, éléments indispensables pour passer une soirée à peu près potable. Dans un coin, elle vit une femme qu'elle ne connaissait presque pas, sauf pour être la nouvelle femme de l'autre portugais qui lui vendait parfois des infos. « Toutes mes condoléances, madame », lui lança-t-elle, d'un ton ironique accompagné d'un sourire carnassier. La répugnance de la chasseuse de primes envers les mariages n'était plus à faire. Au loin, elle vit Jarvey, accoudé au bar. Elle fit mine de trinquer avec lui, de loin.

Zéphyr ne cilla pas, ne broncha pas, n'eut aucune réaction à la réponse de la femme qui lui faisait face. Des gens bizarres, elle en croisait tous les jours au petit déjeuner, et ce n'était pas quelqu'un qui lui répondait à côté de la plaque à une phrase en elle-même plutôt étrange que la chasseuse de primes allait se formaliser. Après tout, elle pouvait aussi dire les choses plus franchement. Du genre.
« Perrrsonne n'est morrrt. Du moins, pas encorrre. Je faisais juste rrréférrrence à votrrre rrrécent marrriage. » Pas une seule fois, l'idée que cette femme était heureuse de son mariage ou au pire s'en fichait royalement traversa l'esprit de Zéphyr ; l'idée d'un mariage arrangé en lui même lui donnerait la nausée toute sa vie. L'idée du mariage aussi, d'ailleurs.

Elena arriva dans la taverne, cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas accordé une pause: de récents problèmes à Monaco l'ont forcée à y rester quelques temps, elle avait dû mettre ses études entre parenthèses pendants quelques temps. Maintenant de retour, elle voulait s'assurer que tout allait bien dans le meilleur de mondes, c'est pourquoi elle alla à cette soirée organisée. L'ambiance devait être au rendez-vous étant donné les circonstances: un soir, bientôt les fêtes de fin d'année, les gens devraient être fatigués et prêts à faire des folies. Mais ce qu'elle vit en entrant n'était pas du tout ce à quoi elle s'attendait: Eltan et Beth s'embrassant à pleine bouche. J'y vais? J'y vais pas? J'y vais. La princesse garda son calme et fit ce qu'elle faisait de mieux: elle fit sa princesse et s'annonça discrètement derrières ses deux amis.

-Good evening

Beth n'avait pas encore répondu que nous avons eu une surprise du nom d'Elena. Malgré la gêne, voire colère, occasionnée, je fus heureux de la voir ici. J'avais cependant du mal à rester serein, trop embarrassé par ce que je lui avait involontaire fait, et ce ne fut qu'un « Bonsoir... » couronné d'un sourire maladroit qui s'échappa de mes lèvres. Pour me donner contenance, j'attrapai un verre sur une table à proximité ; je n'aimais pas ce genre de situation tout comme je n'aimais pas faire souffrir une jeune femme aussi incroyable qu'Elena. D'autant plus quand la soirée nous incita vivement à danser, à deux...

« C’est bon pour les affaires. » « M’ouais. » « Quel ours. » Un grognement. « Tu as mangé ? » Un coup d’œil à ses ongles acérés ; noirs. « J’ai pris mes précautions. » « Brave bête. » « La ferme. » Mais pourquoi, pourquoi avoir gardé ce petit enfoiré à ses côtés et, de surcroît, l’avoir supporté pendant plus de six ans ? Athénaïs, bras croisés et l’air bougon, embrassait sa salle de restaurant d’un œil mauvais. Trop de monde. Trop d’humains. Trop de fragrances. Trop. « Alors, en scène. » Un coup dans le dos, Athénaïs glapit, trébucha sur sa propre cheville avant de reprendre un équilibre parfait… en plein milieu de la salle. Histoire d’être remarquée, comme si elle ne l’était pas déjà assez. C’était par ailleurs étonnant de voir autant de dévoués londoniens pour honorer cette fête mise en place dans son restaurant en l’honneur de Noël alors qu’ils le savaient gérer par un vampire.

Jusqu’à croiser un regard. Ce regard. Oh non. Par pitié, pas elle, pas ici, pas ce soir. Seigneur. Elle l’avait remarqué, la folle de la forêt, la rouquine tombée sur la tête. Si Athénaïs était encore vivante, son sang se serait glacé dans ses veines. Vite, partir, vite. Sauf que des échappatoires, il n’y en avait pas beaucoup… Help. Surtout avec le tout nouveau genre de musique, ça craignait vraiment.

Un Bal de Noël. Beurk. Tu n'avais jamais aimé les bals - en fait, ils t'horripilaient grandement. Mais tu n'avais rien de mieux à faire, et puis, ta colocataire t'avais gentiment demandé de ne pas occuper l'appartement une nouvelle fois avec tes révisions, alors ...Pour l'occasion, tu as enfilé une petite robe noire avec des talons assortis, et tu as attachés tes cheveux en un chignons. Tu t'es même maquillée avant de transplaner directement à la Taverne Rouge. La salle était déjà noire de monde. Tu te mis sur la pointe des pieds pour tenter de trouver quelqu'un que tu connais, au moment où un serveur passa devant toi, te proposant une coupe de champagne que tu acceptai volontiers. Malgré ta petite taille, tu réussis à apercevoir Eltan, danser avec sa cavalière. Tu lui fais un joli sourire, et puis t'avances vers l'estrade, pour écouter un peu mieux cette belle musique qui joue.

- Bonsoir Mademoiselle Stuart-Crownwels. Puis je me permettre de vous inviter pour cette danse ?

« Je déteste les bals. » « Oui, mais tu m'aimes moi, alors tiens-toi tranquille. » Tu grommelles dans ta barbes. Parfois, tu te demandes qui est l'homme dans votre mariage. Toi, ou Jennifer ? Elle, elle dirait probablement que c'est elle, c'est tout à fait sûr. Tu la laisse réajuster ton nœud papillon sans rien dire. Si elle savait ce que tu penses, les punitions de la Mafia ne seraient rien à côté des siennes. « Oh, ta grand-mère vient d'arriver ! » « Je... » Trop tard, ta femme t'as déjà entraîné vers la vieille femme. Conciliant, tu passes un bras autour de ses hanches rehaussées d'une magnifique robe verte. « Malphéda ! Je ne pensais pas vous voir ici » Ta femme embrasse vivement ta grand-mère, et tu lui souris, mettant tes mains dans les poches de ta veste. « B'soir grand-mère. Jeune homme. » Tu en serai presque aimable. Beurk.

Tu aimes bien les bals, pourtant, tu t'es forcé à participer à celui-ci. Après la révélation que tu as eue il y a peu de temps, tu as peur de la croiser. Elle, ta soeur. Tu t'es renseigné pourtant, elle n'est pas dans le pays. Alors, tu as osé mettre le nez dehors. Dans un beau costume-cravate de pingouin, s'il vous plait ! Lorsque tu entres dans la Taverne Rouge cependant, ton regard croise derechef une chevelure rousse que tu reconnais parfaitement. C'est elle. « Merde. » Tu tentes de te détourner, mais derrière toi, la foule est trop dense. Alors, tu attrapes une coupe de champagne, et essaye de passer inaperçue.

La gêne m'habitait, depuis qu'Elena était entrée dans la pièce. Je ne l'avais pas remarquée tout de suite, bien trop occupée à n'avoir d'yeux que pour mon aimé. Mais lorsqu'elle s'était avancée pour nous rencontrer, pour nous saluer, je m'étais détachée d'Eltan et l'avais embrassée sur les deux joues. « Elena ! Comment vas-tu ? Je ne m'attendais pas à te voir si vite ! » Je souris. Cependant, l'ambiance paraissait soudainement très lourde. Je jetais un regard incompréhensif à Eltan. Le rapprochement ne se fit pas attendre. Il m'avait parlé d'une Elena, jolie, intéressante... Je mis une main sur mes lèvres en comprenant. Je déglutis et n'osa plus regarder mon amie, me rasseyant bien vite alors que mes joues prenaient une teinte cramoisie et que la colère commençait à dépeindre sur mes traits. « Au final... Je veux bien danser, Eltan. » Je lui pris la main avec vivacité, l'entraînant sur la piste.