Stop playing hide and seek with me

Vera E. Adamovitch & Alexeï J. Silitch

L’astre solaire avait disparu depuis quelques heures déjà et avait cédé sa place à une pleine lune des plus lumineuses. Normalement c’était à cette heure-ci que ce cher Alexeï était le plus actif. Pourtant il se retrouvait dans les rues de Londres, à marcher on ne sait où. Le gérant du Red Lantern se devrait justement de s’y trouver afin de montrer un quelconque intérêt à ses clients les plus prestigieux mais aussi et surtout veiller à ce qu’il n’y ait pas de grabuges. Il avait repris cet endroit, il ne voulait pas le voir finir en cendres à cause d’un ivrogne ou encore l’une de ses filles se faire blesser. Ces temps-ci Londres n’est pas une ville sûre, c’est pourquoi Alexeï semble se faire plus prudent pour ce qui concerne son business, il n’est pas rare que des clients cherchent à ne pas payer les tarifs en rigueur ou encore qu’ils fassent du mal aux filles qui sont, il faut bien le dire, ce qui fait tourner l’affaire. Sans compter la mafia et l’organisation qui aiment créer des problèmes au monde dès qu’on ne partage pas leurs idées. Cela dit ce n’est pas pour autant qu’Alexeï ne partage pas certaines opinions sur des points bien précis. C’est dans son éducation et il est loin d’être le seul à pouvoir penser ce genre de choses aussi bien dans son pays, la Russie, qu’ici même à Londres. Le hic dans l’histoire c’est qu’aussi bien la mafia que l’organisation restent dangereuses. Ce qui étonne d’ailleurs toujours Alex' c’est qu’il n’a toujours pas reçu la visite de mafieux voulant percevoir une certaine somme sur ses bénéfices, même s'il est évident que le premier qui oserait se ramener et le menacer ainsi, risquerait de repartir entre quatre planches de sapins. On n’utilise pas un Silitch, ils ont bien trop d’honneur pour ça. Enfin bref, à l’heure actuelle il devrait normalement siroter son verre de Bourbon au bar du Lantern, mais pourtant ce n’était pas le cas. Pourquoi ? L’envie n’était pas là aujourd’hui. Petite baisse de morale passagère, il avait décidé de sortir prendre l’air frais de cette belle nuit de printemps. Il ne faisait pas froid, la température était agréable et pour une fois la pluie ne s’abattait pas sur la capitale Anglaise.

Alexeï marchait sans savoir où il allait, sa stabilité actuelle n’était pas quelque chose dont il allait se plaindre même s'il restait toujours le même qu’auparavant, il avait juste un travail qui était une valeur sûre et qui lui rapporterait encore plus une fois que les temps troubles seront résolus. Cela dit et malgré toute cette vie n’est pas vraiment la sienne, elle arrive malgré lui. Oh bien sûr il l’aime, quel type n’aimerait pas travailler dans un établissement entouré de filles en petites tenues, d’alcool et diverses autres choses propre au cabaret le plus célèbre du coin ? Qui plus est sa nouvelle vie lui offre toujours une certaine médiatisation que ça soit à la radio ou dans la gazette. Cela dit il aimerait qu’on parle de lui en tant que joueur de quidditch, sa véritable vocation, son métier avant tout. Il est certain qu’il a fait des erreurs par le passé, des erreurs qui l’ont conduit à sa vie de maintenant mais il n’empêche que foncer à toute allure sur son balai, souaffle en main lui manque. Il a envie de briller à nouveau et quand on connaît Alexeï il fera tout pour retrouver un poste et puis gérer le Red Lantern à côté ne sera pas bien difficile, ça lui laisse du temps libre. Il est marrant de voir que même Alexeï Silitch, ce jeune homme issu de cette famille si dure et prestigieuse, est atteint des mêmes maux que la plupart des sorciers, il est en proie à ses démons à ses doutes. Il regrette son passé, mais ce qui peut expliquer un tel comportement ce soir est surement le fait qu’il est contrarié depuis quelques jours à cause d’une de ses employées qui lui en fait voir de toutes les couleurs, sans compter ce client il y a quelques jours qui ont déclenché une bagarre générale. Grr rien que d’imaginer les frais qu’il va devoir mettre à nouveau dans cette affaire, ainsi que d’accroître sa surveillance, le fait rager et l’embête cordialement pour rester poli, mais dans sa tête ce sont plutôt des noms d’oiseaux qui volent et bien haut qui plus est.

Silitch était tellement perdu dans ses pensées qu’il ne remarquait même pas là où ses pieds l’amenaient. Résultat dans un soudain éclair de lucidité il relevait les yeux. La lune lui faisait face, d’humeur taquine elle semblait se cacher sous quelques nuages, réduisant quelque peu la luminosité, sans compter les arbres sous lesquelles il se trouvait qui n’aidait en rien. Alexeï était arrivé dans un parc de Londres sans même sans rendre compte, car trop occupé à réfléchir. Il prit quelques instants afin de regarder autour de lui, il reconnaissait l’endroit et donc n’était pas perdu, une chance se disait-il. Il se trouvait dans le parc de l’université, la grille devait être ouverte et il s’y est dirigé sans en prendre conscience. Il soupira un peu, se posant contre le tronc de l’arbre le plus proche. Reprenant ses esprits, il profitait du calme et de ce silence qui en devenait presque oppressant. Il aurait pu s’endormir ici tellement il se détendait et reprenait une certaine sérénité. Pourtant quelque chose vint à attirer son attention. Une silhouette sombre au loin, semblant s’éloigner à vive allure. Qui traîne donc à cette heure si tardive dans le coin ? Il n’en fallait pas plus à Alexeï pour sortir sa baguette d’un geste vif de sa veste. Rapidement sur ses pieds il s’avançait en direction de la personne qui cherchait à lui échapper, à se cacher de lui. « Lumos ! » Il l’avait dit d'une voix claire bien que posé, afin d’y voir un peu plus clair. Il apercevait un peu mieux la personne en question, une jeune femme légèrement plus petite que lui, une longue chevelure noire et une peau si fine et pâle. Oh bien sûr la description rapide de cette personne lui en faisait penser à une en particulier, une figure incontournable de Londres, mais le fait de l’imaginer jouer au chat et à la souris avec lui et se promener seule si tard paraissait être plus qu’étrange, elle qui serait plus du genre à rester cloîtrer dans son bureau jusqu’à pas d’heure.

Alexeï accélérait le pas, se rapprochait dès qu’elle s’éloignait, il croisait son regard de loin. Des yeux bleus, profond qui semblent lire au plus profond de votre âme dès qu’il se pose sur vous. Un regard si intense que le russe en venait à frissonner. Il fronçait légèrement les sourcils, ne comprenant pas son comportement, qu’est-ce qui pourrait la pousser à le fuir ? Peut-être qu’elle ne l’a pas reconnu et que le seul fait de voir une silhouette la poursuivre aurait pu l’effrayer. C’est fort probable vu ce qu’il se passe dans le monde des sorciers ces temps-ci. Silitch ralentissait le pas, se mettait à marcher plus calmement. C’est vrai qu’un type qui poursuit une demoiselle, en pleine nuit qui plus est peut amener à confusion. Cela dit, et ça le fit sourire, poursuivre la rédactrice en chef de la gazette et jouer avec elle ne lui aurait pas été si désagréable que ça. Fidèle à lui-même bien sûr. Il cessait de pointer sa baguette devant lui, la levant légèrement, il marchait pourtant toujours vers elle, pas pour l’effrayer un peu plus ni pour s’excuser de pouvoir lui causer certaines frayeurs mais au moins en le reconnaissant elle se calmerait surement. Et si la raison était tout autre alors Alex' ne la connaissait pas. Depuis la fin de sa carrière, ou plutôt depuis le début de sa pause de carrière, il ne l’avait que très peu croisé et même en tant que Flèche d’Appleby il n’avait que très peu affaire à elle, c’était surtout cette charmante journaliste dont il avait oublié le nom mais pas le reste, besoin d’un dessin ?, à laquelle il avait affaire. Cela dit de temps à autre lors du gala, ils se retrouvaient, parlait que très légèrement, très sollicité d’une part comme de l’autre. Alexeï soupirait à nouveau, il tapait légèrement du pied en s’arrêtant.

« Adamovitch on s’arrête ! Le jeu du chat et la souris vont un moment mais je ne suis pas connu pour ma patience dans ce genre de situation et je préfère y jouer dans une chambre qu’ici. »

Une soirée de plus à fuir, fuir son miroir, fuir les autres, se fuir elle-même. Vera avait changé, profondément changé depuis cette tentative d'assassinat. Elle avait retrouvé sa carapace, celle qu'elle s'était construite suite au départ de Benjamin. Elle ne devait plus faire confiance à personne, ils ne le méritaient pas. Elle était seule, elle avait toujours été seule même si au fond elle savait pertinemment que certaines personnes seraient toujours là pour elle. Pourquoi ? Elle n'en avait aucune idée. Elle n'était pas une amie parfaite, elle n'aimait pas donner des conseils, elle n'aimait pas perdre son temps à faire des choses inutiles, elle faisait semblant, tout le temps. Était-elle seulement honnête avec elle-même ? Elle ne savait plus.
Quitter la Russie l'avait profondément bouleversé, elle avait besoin de ce pays, elle y était attachée. C'était sa terre natale, celle qui l'avait vu naître et grandir, celle qui avait connu une jeune Vera Adamovitch heureuse, enfant modèle et sœur parfaite. Elle avait détruite trop de fois dans sa vie, elle devait faire attention. Elle pourrait se battre, encore, mais elle ne voulait plus. Alors, elle se cachait le temps qu'on l'oublie, mais peut-on oublier la rédactrice en chef de la Gazette du Sorcier ? Peut-on oublier l'une des femmes les plus influentes de Londres ? Elle l'ignorait. Elle était perdue. De toute façon, en ce moment, elle ne trouvait plus sa place nulle part. Elle avait le cœur brisé, l'espoir envolé et le bonheur détruit. Elle n'avait plus rien. Même son corps était désormais abîmé, reflétant à la perfection l'état de son âme. Elle qui avait toujours été si fière de son physique, elle n'était plus rien.

Un soir de plus à errer sans but dans les rues de Londres, une nuit de plus à tenter d'effacer son malheur, à chercher qui elle est. Son existence a-t-elle un but ? Elle se pose des questions idiotes, des questions existentielles auxquelles elle ne trouvera jamais de réponses car il n'y en a pas. Elle est humaine Vera, malgré ses croyances et ses convictions elle n'est qu'une simple humaine avec ses peurs, ses forces et ses faiblesses. Une nuit de plus à se retrouver dans le parc de l'Université, elle y a passé deux ans, deux années durant lesquelles elle travaillait également comme stagiaire à la Gazette. Deux merveilleuses années dont elle se rappellera toute sa vie. Elle marche, sans but, elle n'a plus rien. Rien, le mot résonne dans sa tête encore et encore, écho mortel déclencheur de sa folie. Vera Adamovitch n'est plus rien.
Soudain, un craquement sonore attire son attention, elle n'est pas seule. L'adrénaline grimpe dans ses veines, la peur aussi, sont-ils venus terminer leur travail ? Elle n'aurait jamais dû sortir ce soir, elle regrette. Nouveauté. Ses mains tremblent légèrement tandis qu'elle commence à fuir, mettre le plus de distance possible entre elle et l'inconnu. Silence. Seuls les battements de son cœur grimpent à son oreille, si forts qu'elle a l'impression que le monde entier peut les entendre.

« Lumos ! »

Cette voix. Vera a l'impression de la connaître. Cet accent, un russe. Quelqu'un qu'elle connaît ? Probablement. La jeune femme garde des contacts avec presque toute la communauté russe de Londres, mais qui. Jetant un bref coup d’œil vers l'arrière elle aperçoit une silhouette, ce n'est quand même pas ...
Non, si c'est lui il ne doit surtout pas la voir comme ça. Pas dans cet état, pas avec ce corps griffé de part et d'autres. Elle ne peut tout simplement pas. Peureuse ? Sûrement. Elle continue à fuir, évitant les arbres, se cachant. Cache-cache. La situation aurait pu être drôle si Vera ne craignait pas à ce point d'être découverte.

« Adamovitch on s’arrête ! Le jeu du chat et la souris vont un moment mais je ne suis pas connu pour ma patience dans ce genre de situation et je préfère y jouer dans une chambre qu’ici. »

Touché, coulé. Elle ne peut plus fuir, il l'a reconnu confirmant ainsi ses pires craintes. Alexei Silitch. Pour comprendre leur relation il faut remonter à la première année de Vera chez les mokops. Alexei était plus âgé et surtout très fêtard, mais avant tout, il a été le premier coup de cœur de la jeune femme. Mignon, probablement, mais pas quand on s'appelle Adamovitch. Probablement le seul homme au monde qu'elle n'a jamais mis dans son lit, pourquoi, elle ne sait pas. Elle était jeune à l'époque, sérieuse, entière. Elle n'avait pas besoin de se sentir aimée comme aujourd'hui, elle n'avait pas à être rassurée. Et puis, Alexei avait très certainement, comme aujourd'hui encore, d'autres jeunes femmes à combler. Drôle de situation finalement, la russe se sent presque condamnée. Pourquoi se sent-elle toujours obligée d'aimer les cas désespérés ? Liam, Niels, Alexei. Il y en a eu d'autre, mais ces trois là sont probablement les plus marquants de sa vie. Elle s'arrête, remontant sa capuche sur son visage, il ne doit pas la voir, surtout pas. Elle ne veut pas sentir la pitié dans son regard, elle ne veut pas voir le dégoût.

« Alexei, j'aurais dû m'en douter. Pardonnes-moi mais je ne jouerais pas dans ta chambre ce soir. »

Ironie, elle cherche à se protéger. Encore. Finalement un bref sourire apparaît sur ses lèvres, les hommes tous les mêmes. Elle resserra un peu plus la capuche, suspecte ? Probablement. Stressée ? Un peu aussi. Devant lui, la petite Vera remontre le bout de son nez, incapable de jouer, timide, un peu idiote aussi. Elle ne doit pas, ne pas faire confiance, ne pas l'écouter. Tourner légèrement la tête pour ne pas qu'il la voit, elle ne veut pas être dévisagée, elle se hait.

By night I am who I wish to be

Vera E. Adamovitch & Alexeï J. Silitch

Pourquoi la poursuivre ainsi à travers le parc ? Pourquoi s'entêtait-il à vouloir l'arrêter. Elle le fuyait, pour une raison qu'il ignore certes, mais elle le faisait quand même. Ce borné de Silitch continuait pourtant à se convaincre de l'arrêter. La rassurer ? Ce n'est pas son genre et elle s'en doute, mais il ne lui voulait aucun mal, Vera n'est pas son ennemie après tout, au contraire il serait plutôt du genre a beaucoup l'apprécié. Une jeune femme russe à la tête de la gazette, connue, belle, avec le tempérament d'un dragon. Aucun doute qu'elle ne le laissait pas de marbre. Mais là n'était pas la question, il lui faisait face, arrêté au milieu du petit sentier, la baguette illuminée la pointant. Elle justement se cachait toujours, se dissimulait. Elle ne veut pas être vu c'est un fait qu'il a compris maintenant. Sa patience a néanmoins des limites et elle est en train de les tester malgré elle. Silitch était bien curieux de connaître la raison de cet affolement de la part de sa comparse russe. Ok il n'est pas non plus stupide, elle est la rédactrice en chef et d'après ce qu'il a pu entendre et remarquer elle n'est pas la dernière sur la liste des personnes indésirables auprès de certains groupes se trouvant à Londres. D'ailleurs le simple fait qu'elle se tienne debout, juste en face de lui, après avoir reçu un hôpital sur la tête est un exploit non ? Il n'est pas dupe, il se doute que la pauvre doit arborer quelques égratignures par-ci par-là sur son corps meurtri de l'attentat causé par l'organisation. Bon en y pensant tous les événements actuels, le climat de terreur et ses conneries (selon l'opinion très raffiné de notre cher Alexeï) n'étaient pas que mauvaises. Evidemment qu'il va dire ça, pas folle la guêpe. Comment il aurait pu racheter le Lantern si l'organisation n'avait pas fait disparaître l'ancienne gérante du lieu. Cela aurait très bien pu être un coup de la mafia. Mafia qu'il sait fortement intéresser par sa maison, mais qu'il ne cèdera jamais. Pourtant, il n'envisageait que l'organisation comme coupable du meurtre de la sorcière de joie qui tenait le cabaret. Ce qui au final est bénéfique, permettant à ce bon vieux Silitch de se faire sa place à Londres.

Cela dit, et c'était l'une des raisons de sa petite escapade, le climat de St-Petersburg lui manquait. Le mal du pays le rongeait depuis quelques temps. En ce beau mois d'avril il ne devait pas faire si froid et les premiers rayons de soleils post-hivernaux devaient sublimer cette ville. Le manoir familial, situé en retrait, dominant la ville lui manquait, il se surprenait même à ressentir le manque de sa famille. Sur une première impression Alexeï semble pourtant heureux à Londres, mais ses démons le rongent, le quidditch était sa raison de vivre, il était vénéré par tellement de gens et il avait perdu tout cela en l'espace de deux minutes. Aujourd'hui il se retrouvait à faire renaître de ses cendres une maison close et les soucis allant avec. Car, au final tenir le Lantern c'est plutôt cool, bosser au milieu de filles en permanence semi-dénudées est un plaisir pour un type comme lui, mais avoir la mafia sur le dos, des hypocrites bien cachés et autres ont tendances à parfois lui donner le mal du pays et de sa vie passée. Habituellement il se serait enfermé dans son bureau, bourbon dans une main, cigarette dans l'autre en feuilletant divers livres lui rappelant son enfance et autres. Pourtant, il en avait assez de tout ce petit manège, il lui fallait de l'air ce soir. Avoir rencontré Vera au détour de sa promenade n'était qu'une coïncidence, un petit bonus dont il allait surement profiter. Une russe face à lui, une femme du pays, si belle ne pourra que le rebooster en quelques sortes. De plus il l'avait juste à quelques mètres, pourquoi ne pas profiter de sa présence un peu au lieu de l'ignorer. Alexeï devient sociable ? Pas sûr, mais Vera fait partie de celle avec qui il aime passer du temps. Elle au moins ne prend pas de gant et n'hésite pas à dire ce qu'elle pense, c'est surement pour ça qu'il a un petit faible pour elle. C'est tellement plus drôle de s'enfoncer dans des disputes monstres parfois plutôt que de rester dans le monde des bisounours. Il faudrait être stupide pour penser que ce monde existe.

Enfin bref, Vera, à ce moment précis c'est elle qui prenait place dans son esprit. Vera, c'est drôle comme ce prénom le ramenait des années en arrière. Il arborait d'ailleurs un petit sourire de coin pour une simple et bonne raison. Il l'a connu il y a bien longtemps à Durmstrang. Non pas qu'il l'ait fréquenté, non elle est plus jeune que lui et ses préoccupations de l'époque étaient toutes autres. Comme par exemple, ramener cette blonde qu'il a croisée dans les couloirs sous ces draps. Ou encore de faire la fête et boire. Alexeï à l'école n'était pas aussi studieux que la petite Vera, mais ce n'est pas pour autant que le russe ne s'est pas arrêté sur elle lorsqu'il la voyait. Belle brune, intelligente, douée et sang pur pour ne rien enlever. Il n'a jamais dit qu'il ne l'a pas voulu après tout. Seulement c'était un vrai rat de bibliothèque, le nez dans ses livres, à ne jamais s'amuser. Ils n'avaient pas les mêmes priorités, mais ça ne l'empêche pas de se souvenir d'elle. Quant à Vera, surement qu'elle avait entendu parler de ce type de Durmstrang plus doué pour le quidditch et la fête que pour les cours. Il ne fait aucun doute que son nom ne lui était pas inconnu, mais de là à savoir ce qu'elle pouvait bien penser de lui à l'époque, il n'en a aucune idée. Enfin il ne sait même pas ce qu'elle pense de lui aujourd'hui et pour être honnête ce n'est pas une préoccupation. Le seul avis qui compte réellement pour lui est tout simplement le sien. On est égocentrique ou on ne l'est pas après tout. Cela dit et même si il est trop fier pour se l'avouer, l'avis de certaines personnes, dont, voir surtout, celui de Vera compte.

« Qu'est-ce que tu fais ici, seule et à une heure si tardive ? » A ce ton visiblement ferme et intéressé on aurait pu y voir un prétendant un peu trop curieux ou protecteur, mais Silitch était surtout intrigué de trouver Vera sur son chemin. Il est vrai que normalement même lui ne devrait pas être là. Il devrait surveiller ses filles et son Lantern, hors il était là, devant Vera qui s'était approché de lui, le laissant distinguer, très légèrement, son visage. Celui-ci semblait meurtri, tuméfié, marqué. Vision trop vif pour en être sûr. Oh il ne fait aucun doute que quand un hôpital s'effondre sur vous, vous en gardez quelques séquelles. Seulement elle se cache, fuit son regard, pour une raison qui lui est inconnue. Il n'aime pas ça, ses sourcils se froncent, son regard s'assombrit. S'il est bien une chose qu'il aime par-dessus tout dans cette ville, c'est bien le doux visage de Vera. Sa chevelure noire, ses yeux si bleus. Il ne peut s'empêcher de plonger dans l'océan que forme son regard, mais elle l'en empêche. Pourquoi elle fuit de la sorte ? Il a une tâche sur le visage ? Il la dégoûte peut être. Fausses idées, surement, mais il l'ignore. Narcissique, légèrement, le comportement de Vera l'atteignant plus que de nature. « Cesse de me fuir comme ça. Suis-je si désagréable pour ton regard ? Je ne l'ai pourtant pas toujours été. » Il faut bien le dire, une légère colère était palpable dans le son grave de sa voix. Son accent se faisant sensiblement plus fort, il semblait comme marmonner quelques mots russes. En cette douce nuit il se faisait apparemment curieux, provocateur et joueur comme à son habitude, il ne pouvait s'empêcher de se battre avec lui-même, une part colérique, centré sur lui-même et une autre hurlant de savoir si Vera va bien après ces derniers événements. Londres est une démonstration de folie ces temps-ci, l'organisation, le ministère remplit d'incapable, les gobelins. La petite russe en a fait les frais. S'il n'avait pas su rapidement qu'elle s'en était sortie, surement qu'il aurait péter les plombs comme rarement. Mais elle s'en était tirée. Sa préoccupation après l'attentat était de voir la liste de victime, de la voir saine et sauve. Les autres il s'en fout, Vera en revanche beaucoup moins. Elle était là devant lui, son coeur battait vite, non ce n'est pas de l'amour, mais un attachement spécial, une amie chère malgré ce que son orgueil peut dire, soulagé de la voir bien vivante, mais rageant du comportement distant de la belle Adamovitch. Il ne fait aucun doute que dans son esprit il se bat contre lui-même.