Je n'avais absolument aucune idée sur pourquoi on nous avait conviés tout d'un coup. J'avais bien essayé de sonder le regard de Matvei quand il était arrivé dans la pièce. J'étais son "conseiller communication" même si c'était un bien grand mot pour ce que je lui faisait faire en fait. Mais j'aurais put penser que depuis le temps, j'avais apprit a voir dans ses yeux un semblant de réponse. Mais non. Matvei était bien trop intelligent pour qu'un petit animateur radio perce a jour ses secrets en le regardant un peu longtemps dans les mirettes. Tant pis, on a rien sans essayer. Je scrutais son visage, muet, juste attendant qu'il ne parle. Je n'avais même pas regardé les autres. Ou alors si, furtivement. Je sentais la présence de Vera a côté de moi, et pour le moment c'était tout ce qui m'importait pour rester calme. Car oui, j'étais un peu sur les dents. On était assis autour d'une grande table, a attendre de savoir a quelle sauce on allait être mangés. Et surtout, on se doutait que quelque chose était sur le point de se faire. Quoi ? Mystère total. Mais il flottait dans l'air un parfum de changement. Sinon, on ne nous aurait pas fait venir subitement pour une réunion urgente. Il fallait donc qu’il y ait quelque chose qui mijotait dans la marmite. QED. Enfin, pour le moment, je ne pouvais qu’attendre avec les autres. Heureusement, il semblait vouloir en finir vite puisqu’il prit enfin la parole.

_ Cherrrs résistants,

Oui oui, c’est bien nous. Je restais attentif. Il venait d’évoquer les gobelins. Manquait plus que ça... des alliés qui nous poignarderaient dans le dos. J’aime l’idée. Je ne disais bien sur rien, mais n’en pensais pas moins. Mes yeux bleus clairs s’assombrirent et je décidais de fixer la table face a moi. Bon, il savait ce qu’il faisait. Du moins je l’espérais. J’avais eut confiance en lui jusqu’a présent, ce n’était pas pour laisser tomber au moment crucial. Mais quand même, ça ne me plaisait que moyennement. Bon, j’allais me retenir de dire tout haut ce que je pensais pour une fois. Pas le moment de jouer au crétin et de ramener ses états d’âme.

_ J’ai confiance en vous Il faut garrrder espoirrr.

Ca mon vieux, ça va être rude. Il transplana tout de suie après, et le silence bourdonna quelques instants. Oui, un silence peut bourdonner. Quand vous avez encore les oreilles pleines d’un discours, le silence bourdonne. Et puis je murmurais, songeur.

_ Les gobelins.

Je me tournais un instant vers Vera, cherchant dans ses yeux si elle pensait la même chose que moi. Puis je me tournais vers les autres. Il fallait bien trouver quelque chose a dire pour lancer la discussion. On ne pouvait tout de même pas rester la a se regarder sans rien dire, assommés par le discours du Ministre. Alors, je me lançais.

_ Il est temps de faire ce pour quoi on est la. Il faut s’organiser pour libérer nos écoles. la question est ... comment on le fait ?

Son arrivée avait été annoncée par un claquement de talons hauts qui lui était si caractéristique et quand elle avait passé la porte, elle avait à peine adressé un regard aux personnes présentes. Elle ne prit même pas la peine de se satisfaire du regard peut-être légèrement surpris de certains sur elle. Ce n'est pas tous les jours que l'on a la chance de côtoyer quelqu'un comme Carrietta Rosier, figure imposante du monde magique anglais, et encore lorsque celle-ci était dans un mouvement de résistance.

L'Organisation avait commis une grave erreur.
S'en prendre à son département.

Qu'on tue les trois champions, elle n'en avait rien à faire, qu'on détruise les écoles non plus. Qu'on vienne voler des prophéties, cela dit, dans SON département, profitant de sa convalescence qui plus est, c'était la goutte qui avait fait déborder le vase. Elle n'avait pas tué son troisième mari pour se faire jouer aussi facilement. On ne jouait pas, avec Carrietta, et elle allait le montrer bien assez vite.

La dame s'alluma une cigarette élégamment, accompagnée comme toujours de son porte-cigarette, écoutant le discours du Ministre d'une oreille attentive, sans toutefois le regarder. Elle préférait regarder son garçon, le plus jeune de ses fils, assis à cette table. Un résistant, tout comme elle. Quelque chose comme une amère fierté l'emplit. Elle épousseta le devant de sa robe, bleu nuit aujourd'hui, pour s'agencer avec la pâle carnation de sa peau, et elle laissa échapper un petit rire cynique quand Da Braccio, cet animateur de radio qui se prenait pour quelqu'un de fabuleusement important, parla pour ne rien dire d'intelligent. Oui, tout le monde se demandait déjà quoi faire, à quoi bon reposer la question ? Méprisante, elle tourna son visage vers l'Italien, le jaugeant d'un regard rapide :

« Da Braccio, réfléchissez un instant, même si apparemment, ça semble plutôt difficile, vu vos capacités. Les gobelins ont des pouvoirs qui permettent de passer les barrières magiques et pendant la Troisième Tâche, tous les membres de cette salope d'organisation soi-disamment secrète seront à Beauxbâtons ou à Londres. Poudlard et Durmstrang seront plus vides que votre tête. »

Une bouffée de sa cigarette, la fumée s'élevant en ronds parfaits au-dessus de sa tête. Elle continua sa proposition, prenant une voix posée et beaucoup moins médisante que lors de ses mots envers l'animateur de radio. Non, là, elle faisait ce qu'elle faisait le mieux : la guerre.

« Je propose une explosion. Efficace, puissant et bon pour détourner l'attention. Ça suffira à nous donner une légère marge de manœuvre pour que nous puissions maîtriser ou arrêter les membres de l'organisation. Pas envie de cette opération tourne en carnage à cause de sorts perdus dans la foule. Le Ministre sera déjà à Beauxbâtons avec une partie des Aurors, apparemment formés pour réponde à ce genre de situation, donc il serait inutile d'y aller nous-même, à moins que vous insistiez. »

Elle savait que si un de ses fils était dans une des écoles, elle s'y serait rendue pour défoncer les murs et tuer tous ceux qui auraient osé blesser un de ses enfants. Par contre, dans le moment, il fallait garder une tête sur les épaules et se rappeler que Londres aussi avait besoin de renforts.

Spoiler:

Sa tête bourdonnait d’une migraine impromptue, son teint rendu pâle par la douleur entêtant lui explosant les tempes ; à l’inverse, son regard clair étincelait d’un éclat acéré, trahissant sa détermination à aller au bout des choses, quelles qu’en soient les conséquences. Du bout des doigts, Cassandre jouait avec la fiole vide de sa potion habituelle destinée à calmer ses importunes céphalées, silencieuse, détachée du monde qui l’entourait, égale à elle-même, quoique plus froide qu’elle ne l’était d’ordinaire ; les allers et venues des résistants convoqués pour cette réunion exceptionnelle sur un ordre dont ils ne connaissaient pas l’auteur ne lui arracha aucune attention particulière. Hydra était de sortie, en ce début de soirée.

A peine un haussement de sourcils lorsque Matvei passa le pas de la porte, dans une attitude qui présageait davantage le distant Ministre de la magie plutôt que l’homme qu’elle avait épousé. Cassandre avait bien conscience de donner l’impression de ne pas se rendre compte de l’importance de l’homme avec lequel elle s’était, théoriquement, engagée pour son existence, et devait avouer qu’elle avait tendance à ne pas le considérer dans son austère costume de politicien, voire à réellement oublier ce détail, mais ça ne signifiait pas pour autant qu’elle ne le savait pas. Il lui était juste étrange de le voir prononcer un discours à un nombre limité de sorciers dont elle faisait partie ; la première fois depuis plus de neuf mois qu’ils se connaissaient.

Cassandre ne broncha pas, ne cilla pas, écoutant, statue de marbre, les paroles de Matvei et l’espoir qu’il leur apportait de faire pencher la balance en leur faveur. De pouvoir enfin agir contre cette secte despotique qui avait eu la mauvaise idée de rejouer les scènes théâtrales des guerres passées dont ils avaient encore tant de mal de se soigner. Qui l’avait séparée de son fils. Cassandre était fondamentalement contre l’Organisation secrète pour ses méthodes, plus encore pour ses véritables raisons d’existence, comme elle s’était trahie assoiffée de pouvoir ces quelques derniers mois ; Cassandre était personnellement contre l’Organisation secrète pour l’avoir tenue éloignée et trop longtemps sans nouvelle de son fils. Qu’elle s’en prenne aux écoles était une chose, malgré toute l’affection qu’elle portait à Beauxbâtons ; qu’elle s’en prenne à Amadeus en était une autre. Cassandre ne le considérait plus comme son filleul depuis longtemps déjà.

Da Braccio, puis Carrietta Rosier rompirent le silence religieux qui s’était installé après le départ du Ministre, et si la première intervention ne fit que mettre des mots sur le problème qui les occupait actuellement, se contentant d’aplanir à haute voix la question à laquelle ils devaient répondre désormais, la seconde enclencha sa propre réaction.


« Peu importe l’opportunité pour un civil de se rendre en France, je n’ai rien à faire à Londres et je ne compte pas y rester quand mon fils vit depuis trop longtemps entre quatre murs avec cette secte de véracrasses lobotomisés. »

Sa voix était tranchante. Elle se fichait de ce que diraient les autres, du possible fait qu'ils désapprouvent qu'elle déserte Londres pour Beauxbâtons alors que Carrietta avait indéniablement raison sur le fait que des Aurors expérimentés y seraient, mais elle avait l’avantage d’un caractère forgé dans le bois de son exubérance assumée et le fer de ses convictions chevillées à son âme ; Hydra mordait plus qu’elle ne reculait, somme toute téméraire. Son fils était là-bas, elle n'avait que faire de Londres.


« Je connais Beauxbâtons pour y avoir passé neuf années de ma vie, et pour y retourner régulièrement, je sais que les murs n’ont pas changé. Je serais plus utile sur place qu’ici. L’explosion que vous proposez pour Londres pourrait être utile également pour les distraire lors de l'arrivée des renforts à Beauxbâtons, mais dans le cas où nous ne serions pas suffisamment nombreux par rapport aux nombre de rats d’égouts qu’ils sont, les maîtriser risque d’être délicat si nous ne sommes pas en mesure d’être partout, même dans les couloirs les plus improbables que je peux indiquer. Tous les endroits sont bons pour être efficaces et rapides, et c’est d’autant plus essentiel qu’il est plus probable que ces chiens galeux réagissent en prenant en otage les élèves à leur portée. Il vaut mieux profiter de toutes les opportunités que peuvent présenter l’Académie qu’ils connaissent sans doute mieux que vous pour l’avoir occupée pendant un mois. J’ai leurs connaissances des lieux.Pour ce qui est de Londres, le plus délicat sera de faire la part des membres des simples citoyens. Tous ne voudront certainement pas combattre alors qu'ils peuvent sauver leurs vies en s'enfuyant, lâches comme ils sont. Ce ne sont pas seulement eux que cette explosion va ébranler, mais aussi les autres. »

Que Matvei ou Jaguar l’empêchent de se rendre à Beauxbâtons, juste pour voir.

Elle ne s'était pas vraiment attendu à recevoir cette convocation pour une nouvelle réunion de la résistance aussi tôt. Persuadée d'être entouré d'incapables, aussi sympathiques et agréables soient-ils, elle pensait qu'il leur faudrait plus de temps pour arriver à construire quelque chose. Mais déjà il fallait revenir à la charge, déjà on allait leur demander de continuer la lutte, et rien ne pouvait faire plus plaisir à la vieille femme. Elle rêvait de botter des fesses, de brûler des masques, de foudroyer des perruques. L'action l'appelait et elle ne souhaitait qu'y répondre à grands coups de baguette. Elle arriva assez tôt dans la salle encore presque vide, elle salua de loin le jeune Rosier, petite oreille à laquelle elle tenait beaucoup, et s'isola dans un coin pour se faire discrète. Elle voulait observer ses camarades de rébellion un peu, plutôt que de prendre les initiatives, savoir de quel bois ils étaient faits. Elle les avait tous vu rentrer, les uns après les autres, elle s'était faite discrète, ce qui était loin d'être dans ses habitudes.

Quand le ministre entra elle ne cacha pas la manifestation de sa surprise. Voir cette cervelle de piaf ici l'étonnait beaucoup. Il lui semblait soudainement beaucoup moins incapable qu'elle ne l'avait cru jusque là. Oh bien sûr elle ne le reconnaitrait jamais devant qui que ce soit, mais il venait de marquer des points auprès de la Directrice. Il était remonté dans son estime, ce qui n'était vraiment pas chose aisée. Elle attendit, calmement qu'il fasse son discours, en silence. Ce silence n'était pas seulement une marque de son attention, mais aussi de la reconnaissance nouvelle qu'il venait d'acquérir auprès d'elle. Elle laissa ensuite les autres parler, chacun leur tour. Si le jeune Da Bracio semblait un peu paumé au milieu de tout ça, les deux femmes semblaient particulièrement convaincues par ce qu'elles disaient. Elles étaient animées par la volonté de faire mordre la poussière à cette organisation de malheur, prêtes à employer toutes les méthodes nécessaires, et cela plaisait beaucoup à la vieille sorcière. Elle reconnaissait bien là Carietta qu'elle avait vu grandir, et ce professeur passionné qui n'hésitait pas à se battre pour son idéal. Dans le silence qui venait de naître, chacun retournant à ses réflexions, elle s'approcha des tables, baissa sa capuche et prit la parole. Elle sentait des gens compétents et motivés avec elle, elle n'avait plus maintenant qu'à les aiguiller grâce à l'expérience de son grand âge.

Bien, mes petits, il faut procéder avec ordre et méthode, chaque chose doit être réfléchie minutieusement, aucune chance ne doit être laissée à ces raclures de chaudrons. Avant de savoir ce que nous faisons dans ces deux lieux, il ne faut pas oublier de penser à qui va où. C'est la base de tout. Combien de personnes notre groupe aura-t-il sur place ? Qui d'entre nous reste ici et qui part ? A partir de là nous y verrons plus clair et nous pourrons savoir quels seront les moyens que nous pouvons mettre en place.

Elle s'arrêta une minute, bien consciente que ce qu'elle disait puisse paraître simpliste, mais pourtant assurée que chaque étape devait venir en son temps suivant un ordre précis. C'est ainsi qu'ils atteindraient une meilleur efficacité.

Je propose déjà que nous établissions des groupes. Ma petite Cassandre, si vous le voulez bien, je vous accompagnerais à Beauxbâtons, je n'ai pas votre connaissance des lieux, mais j'ai quelques comptes à régler là-bas et je manie encore plutôt bien la baguette à ce que l'on dit. Vous comprendrez ma chère Carrietta, vous qui seriez prête à tuer pour vos adorable garçons, que j'aille récupérer mes petits qui sont coincés dans cette école. Et bien que votre assurance et votre dextérité puisse être un grand atout une fois là bas, il faut séparer nos forces. Je ne vois personne de plus qualifier que vous pour mener là bataille ici à Londres. Et puis faites-moi plaisir, virez-moi cette vermine envahissante qui pullule dans les jardins de mon Université.

Elle s'arrêta une minute, un grand sourire dessiné sur le visage, et ajouta avec un enthousiasme presque effrayant, avant d'éclater d'un rire franc et sincère.

Et je suis partante pour les explosions ! j'ai toujours adoré ça ! J'ai même quelques tours dans la manche que j'ai toujours rêvé de sortir.