Where I fall is where I land

Aujourd'hui avait été un jour comme les autres, ni plus joyeux, ni plus compliqué qu'hier ou que demain, et que j'avais en majeure partie passé à la Gazette, pour préparer la nouvelle édition avec le reste de l'équipe. Ayant croisé pas mal de monde, entendu beaucoup de paroles et fait preuve de pas mal de politesses diverses et variées, j'avais, ce soir, envie ou même besoin de calme. Et pourtant, je n'avais pas particulièrement envie de passer la soirée enfermée toute seule chez moi, en tête à tête avec mon poste de télévision. Car oui, née Moldue, j'avais la télé, et j'en suivais de temps à autres toutes les émissions à la con qu'on pouvait nous y servir. Pas très classe, je sais, mais bon, chacun ses addictions débiles. Certains couchaient avec tout ce qui bougeait, moi, je matais des conneries devant le petit écran en dévorant des popcorns salés.

Mais ce soir je n'avais pas envie de télé ni de popcorns. J'avais envie de musique, mais pas de musique trop forte qui tuait l'esprit. Une musique cool, un lieu tranquille, avec des fauteuils confortables et une ambiance sympa. Mon sac sur l'épaule, mes pas m'avaient rapidement conduite jusqu'au Chaudron Baveur, qui, s'il n'était pas le plus fashion de tous les bars Sorciers, restait l'un de ceux dans lesquels j'étais le plus à l'aise. Je m'étais installée sur une table un peu à l'écart, près d'une fenêtre et dos à l'entrée, histoire de ne pas être reconnue si jamais l'une de mes connaissances avait la mauvaise idée de passer ici ce soir, et avais, contrairement à mon habitude, commandé une simple bièraubeurre. En vérité, je n'avais jamais apprécié ce breuvage... Un peu trop épais pour moi mais les gouts changeaient à mesure que les années passaient et qui sait, peut-être qu'aujourd'hui j'aimerai cela ?

Il faut dire que j'avais eu le temps de changer depuis mes onze ans. Depuis que j'avais reçu la fameuse lettre de l'ancienne Directrice de Poudlard. Je me souviens encore de la tête de ma mère et de mes frères quand j'étais arrivée vers eux, sautant et criant partout que j'étais une Sorcière. Mon père, lui, avait d'abord pris cela pour une vaste blague et j'avoue que même moi, j'avais du mal à y croire et pourtant... La première lettre étant restée sans réponse, d'autres arrivèrent... Encore et encore... Jusqu'à ce que nous nous décidâmes à nous rendre au soit disant "Chemin de Traverse" dont un plan nous indiquait la route... Ce fut la première fois que j'entrais au Chaudron... Et j'avoue que je n'en garde pas un souvenir très étincelant. L'endroit était vieux, limite insalubre et sur le moment, je n'étais pas sûre de vouloir continuer ma route... Mais je l'avais fait. Et j'avais découvert l'impensable. Une ville à l'intérieur de la ville ! Des Sorciers partout ! Des Magasins de balais et d'animaux magiques et du papier dont les photos bougeaient...

C'était là mon premier souvenir du monde magique... Le suivant fut mon arrivée à l'école de Sorcellerie. Le Poudlard Express, dans lequel j'avais rencontré quelques élèves dont je n'avais plus aucune nouvelle aujourd'hui, les barques, et cet imposant château se découpant sur le ciel rouge de la fin de journée. Magique. C'était le cas de le dire... N'ayant pas été la première ni la seule Moldue à entrer à Poudlard, je n'avais pas honte de m'émerveiller devant la moindre chose tandis que d'autres semblaient déjà blasés de tout. Et si je m'étais demandé un instant s'ils auraient eu la même réaction que moi dans le monde Sorcier, l'entrée dans la Grande Salle chassa rapidement cette question. Quatre énormes tablées remplies d'élèves dont tous les yeux étaient braqués sur nous et au centre, un tabouret avec un vieux chapeau. Chapeau que l'on devait coiffer pour déterminer notre maison...

J'avoue que sur le moment, cette explication ne m'avait pas parue très claire mais mon nom de famille commençant par L, j'eus le temps de voir les autres faire avant que mon tour arrive. Le vieux Choixpeau sur la tête, j'avais fixé les autres élèves tandis qu'il hésitait. Entre quoi et quoi, je n'en sais toujours rien mais il m'envoya finalement vers les rouges et or, et je m'y sentis rapidement à l'aise...

Plus tard, j'apprenais qu'il existait d'autres écoles dans le monde Sorcier dont les principales se trouvaient en France et en Russie. La première, Beauxbâtons, m'aurait je pense, très bien convenu. Je n'avais jamais rien eu contre l'art ni les bals et les rares élèves que j'avais croisés de là bas étaient en général plutôt bien élevés. Durmstrang par contre... J'avais longtemps douté pouvoir un jour m'y adapter et en avais eu la confirmation il y a peu. J'avais beau ne rien avoir contre la magie noire, le climat et le côté froid et distant des autochtones m'avait rapidement refroidie... Ma foi... Plus jeune, je pensais que créer plusieurs écoles avait été une perte de temps mais aujourd'hui, je me disais que quoi qu'on fasse, certains peuples n'étaient pas faits pour se comprendre et que si chacun voulait vivre heureux, il lui fallait trouver sa place parmi les siens, qu'il y soit né, ou pas.

Enfin... En ce qui me concernait, j'avais trouvé la mienne. J'avais longtemps hésité avec un pays bien plus ensoleillé mais au final, j'avais troqué mon pays de Galles natal contre la capitale anglaise, Londres, où j'avais pris mes habitudes et évoluais comme un poisson dans l'eau.